Non à l’expulsion d’Abdel, oui à l’accueil

Depuis la commune de Faux-la-Montagne et depuis la Montagne limousine.

NON À L’EXPULSION D’ABDEL, OUI À L’ACCUEIL

Une fois encore nous voilà obligés de nous mobiliser contre les décisions absurdes et inhumaines de la préfecture de la Creuse. Après le cas de Noordeen en juillet dernier, voici que la même histoire se répète avec Abdel, un jeune Soudanais qui vit à Faux-la-Montagne depuis presque un an. À même histoire, même réplique : nous disons non à l’expulsion d’Abdel comme nous avons dit non à celle de Noordeen et comme nous dirons non à toutes les tentatives d’expulsion qui auront lieu dans l’avenir.

Une fois encore c’est à nous, habitants de la Montagne, de la Creuse et de tous les autres lieux où la fraternité et la solidarité s’expriment vis-à-vis des exilés, de devoir défendre des valeurs bafouées par la politique migratoire du Gouvernement ; politique appliquée avec une particulière célérité par la préfecture de la Creuse. C’est à nous de nous mobiliser, de nous lever et de dire NON ! Non aux expulsions, à l’emprisonnement en centre de rétention (CRA), au jeu de ping-pong qui renvoie d’un pays à l’autre, comme de simples colis, des personnes qui ont fui dans la douleur leur pays d’origine.

Malgré l’engagement écrit de plus de cent habitants de la commune de Faux-la-Montagne qui se mobilisent pour son accueil ; malgré les gages d’insertion qu’Abdel a donnés en participant activement à la vie locale et en apprenant le français ; malgré sa nouvelle vie au sein d’une famille de trois enfants dans laquelle il a su trouver une place de grand frère ; malgré les demandes répétées adressées par des centaines d’habitants du Plateau Limousin, par la mairie de Faux-la-Montagne et par d’autres élus du territoire ; malgré une pétition signée par trois mille citoyens et un appel à s’opposer aux expulsions (tribune publiée sur Mediapart), la préfète de la Creuse, Mme Magali Debatte, s’entête à poursuivre une politique d’expulsion systématique des « Dublinés » alors qu’elle peut, au nom de la souveraineté de la France, traiter ces dossiers dans notre pays, comme elle a dû le faire il y a deux semaines pour Noordeen, et comme l’a récemment fait le Préfet de la Haute-Vienne pour un autre ressortissant soudanais.

Une fois encore nous demandons à la Préfète de la Creuse de respecter le principe de fraternité inscrit dans la constitution française et d’accepter que la demande d’asile d’Abdel soit traitée dans notre pays. Un asile qui lui sera certainement octroyé : au moment même où Abdel recevait sa convocation pour être expulsé, un de ses amis soudanais, lui aussi à Faux-la-Montagne depuis 10 mois, recevait une réponse positive à sa demande de statut de réfugié !

Abdel est convoqué le lundi 17 septembre à 14h à la gendarmerie de Guéret pour être emprisonné puis expulsé (« réadmis » dit pudiquement la froide administration) vers l’Italie.

Venez nombreux dire non à son expulsion

LUNDI MATIN 17 SEPTEMBRE 2018

à 10h sur la place Bonnyaud de Guéret.

Apportez de quoi manger pour un pique-nique solidaire.

Elus, habitants, signataires de la tribune « Il n’y aura plus d’expulsion sur la Montagne limousine », venez nombreux apporter votre soutien.

Contact : ReponseNonExpulsions@protonmail.com

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Il n’y aura pas d’expulsion sur la Montagne Limousine !

Tribune publiée le 26 juillet 2018 sur médiapart et le journal L’écho.

La liste des signataires de la tribune est mise à jour sur le site internet du journal IPNS

Début juillet, des habitants de Faux-la-Montagne, en Creuse, et de villages voisins en Corrèze et Haute-Vienne, ont tenté d’empêcher l’expulsion vers l’Italie de l’un des leurs, un jeune homme soudanais en exil qu’ils accueillent depuis 8 mois avec trois autres de ses compagnons d’infortune.

La loi permettant à la préfète de la Creuse d’autoriser le jeune homme à solliciter l’asile politique en France, ces habitants lui demandaient de le faire. Malgré des demandes en ce sens répétées à maintes reprises les semaines précédentes, et une ultime tentative le 9 juillet, jour de la convocation du jeune Soudanais à la gendarmerie de Felletin, la préfète a décidé d’appliquer à la lettre les accords de Dublin et de renvoyer le jeune homme vers l’Italie, où il n’a aucune attache. Vers 20h, les quelques 200 manifestants rassemblés devant la gendarmerie, se sont fait violemment refouler par les gendarmes : une stratégie de diversion qui leur a permis d’exfiltrer le jeune homme par l’arrière de la gendarmerie, à travers un trou dans le grillage, pour le conduire vers Paris en vue de son expulsion. Une vidéo réalisée par Télé Millevaches résume cette soirée.

Le surlendemain, le jeune Soudanais a refusé d’embarquer à Roissy pour l’Italie et a alors été remis en liberté. Saisissant le tribunal administratif de Limoges pour qu’on lui reconnaisse le droit de déposer sa demande d’asile en France le 23 juillet 2018, une volte-face de dernière minute de la préfecture de la Creuse, qui craignait sans doute d’être contredite par les juges, lui permet finalement de déposer normalement sa demande d’asile en France…

Au-delà de ce cas fortement médiatisé, et devant des situations plus ou moins similaires qui sont de plus en plus nombreuses un peu partout, des habitants et amis de la Montagne limousine ont décidé d’afficher une position claire face à toutes les expulsions, transferts ou « réadmissions » vers l’Italie ou ailleurs qui ne manqueront pas de voir le jour dans la période à venir. Voici ce texte.

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Aussi loin que l’on puisse remonter la Montagne Limousine a été une terre d’émigration, mais aussi une terre d’accueil pour toutes sortes de migrants, d’exilés. Voici quelques années que la « question migratoire » refait son apparition sur les plateaux de la Montagne limousine sous un jour nouveau. Il y a trois à quatre ans, des centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) ont ouvert dans plusieurs communes de la Montagne et de sa périphérie. Suite à l’expulsion militaire du campement informel de migrants de Calais, qui réunissait près de 9000 personnes, s’y sont ajoutés, comme dans de nombreuses campagnes françaises, les très mal-nommés « Centres  d’Accueil et d’Orientation » (CAO). Dans les communes qui se portèrent alors candidates à accueillir de tels centres et dans les communes avoisinantes, des collectifs, des initiatives plus individuelles ont fleuri pour organiser l’hospitalité et la solidarité avec ceux et celles qui arrivaient sur notre territoire sans l’avoir choisi. Des centaines d’habitants de la Montagne se sont ainsi coordonnés, parfois avec le soutien d’élus locaux, pour faire une place à ces nouveaux venus. Cours de français, activités diverses, repas conviviaux, transports ont été mis en place par des collectifs d’habitants solidaires. Puis, assez vite, avec l’inéluctable arrivée des premiers « déboutés » du droit d’asile, et leur sortie des dispositifs d’accompagnement légaux, habitat, subsistance, assistance juridique et morale se sont improvisés, de la même manière. Ce qui relevait des gestes les plus simples, les plus humains dans les premiers temps, s’est progressivement mué en une nécessaire organisation à la marge de la légalité. Légalité qui ne laisse que peu de place à l’expression d’une véritable solidarité avec les exilés, voire qui bien souvent la condamne, la poursuit.

Alors qu’une certaine mansuétude semblait caractériser l’application de la loi dans notre région dans la période récente, un certain nombre de personnes demandeuses d’asile et déboutées ont décidé de rester, de s’installer sur nos plateaux, dans nos communes pour le plus grand plaisir de la plupart des habitants, heureux d’accueillir et d’accompagner cette incontestable source de vitalité, de joie et d’ouverture culturelle. Nous leur avons, de multiples manières, fait place dans nos vies, ils et elles en font désormais partie intégrante. Il n’y a plus que des écarts d’ordre « légaux » entre eux, elles et nous.

Alors quand nous réalisons ces dernières semaines, qu’un tour de vis annoncé par le gouvernement depuis longtemps sur la « politique d’accueil » produit ses premiers effets visibles sur nos amis, nous ne pouvons réprimer plus longtemps notre colère. Nous les avons accueillis sans demander l’autorisation à personne, nous nous sommes organisés pour rendre leur vie ici possible même si nous ne sommes pas encore parvenus à lever toutes les difficultés causées par leur statut « légal ». Nous avons bien compris que l’opération catastrophique de maintien de l’ordre du 9 juillet 2018 à Felletin, en Creuse, valait comme un avertissement. Mais renvoyer, ou laisser renvoyer, les gens qui ont tout fait pour en partir, dans des pays où ne les attendent que persécutions, misère, torture et mort, n’est toujours pas, pour nous, un choix envisageable.

Nous, habitants et amis des diverses communes de la Montagne et de ses alentours, avons donc décidé de répondre aux Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), aux ordres de « reconduite à la frontière », émis par les préfectures dont chacun de nos villages dépendent, de la même façon que nous avons répondu à cette situation jusque-là. Nous n’en tiendrons aucun compte. Mieux, nous serons de celles et ceux qui feront tout pour qu’ils ne soient pas suivis d’effet. Il n’y aura pas d’expulsion d’exilés sur la Montagne limousine, qu’on se le dise !

Nous appelons tout le monde, partout, à faire de même, à exercer ce « devoir de fraternité » dont de lointaines révolutions nous ont laissé l’héritage.

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Communiqué du 23 juillet 2018 sur la situation de Noordeen et ses suites.

Noordeen, le jeune Soudanais de Faux-la-Montagne arrêté le 9 juillet à la gendarmerie de Felletin puis libéré le 11 juillet à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, intentait ce jour, lundi 23 juillet 2018, un référé-liberté contre la préfecture de la Creuse afin que lui soit reconnu le droit de déposer sa demande d’asile en France.

L’audience a eu lieu à 10h30. A 9h40, soit moins d’une heure avant, la préfecture de la Creuse a déposé son mémoire en défense concluant qu’elle faisait droit à la demande de Noordeen de voir sa demande d’asile traitée par la France et, qu’en conséquence, il n’y avait plus lieu à statuer.

Ainsi, après avoir mobilisé les services de la préfecture pendant deux semaines pour mettre en place la « réadmission vers l’Italie » de Noordeen ; après avoir mobilisé plus de 60 gendarmes à Felletin le 9 juillet contre les amis de Noordeen venus manifester leur opposition à son transfert ; après avoir arrêté et exfiltré Noordeen de la gendarmerie, l’avoir conduit en voiture, menotté et ceinturé, jusqu’au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (77), après l’avoir conduit jusqu’à l’aéroport de Roissy ; après avoir ensuite mobilisé la brigade de Felletin pendant toute la semaine ; et en ayant toujours, depuis plusieurs semaines, répondu négativement aux nombreux courriers, mails, pétitions, demandes de rendez-vous, coups de téléphone qui lui ont été adressés, la préfète de la Creuse a donc enfin fait droit à la demande de Noordeen et de ses nombreux soutiens. Etait-ce donc cela la « procédure normale » à laquelle elle n’a cessé de se référer dans ses interventions publiques ?

Tout ça pour ça ! Pendant tout ce temps, les bénévoles auraient été plus efficaces à poursuivre l’accueil des jeunes Soudanais de Faux la Montagne plutôt que de passer tant de temps à manifester… et à se faire gazer.

Par ailleurs, lors de la manifestation de Felletin, une personne (Michel Lulek, de Faux-la-Montagne) a été interpellée et gardée à vue pendant 3 heures. A la suite de cette garde à vue, il a été convoqué vendredi 20 juillet à la gendarmerie de Guéret pour se voir notifier une convocation devant le tribunal correctionnel de Guéret le jeudi 4 octobre 2018 à 15h pour les deux motifs suivants : Violence sur une personne dépositaire de l’autorité publique + refus de se soumettre à un prélèvement ADN (auquel, par principe, il s’est opposé le soir de son interpellation). Nous vous tiendrons au courant des suites de cette affaire et ne manquerons pas de signaler toute mobilisation qu’elle suscitera.

Aujourd’hui, les personnes et associations engagées dans l’accueil sur la Montagne limousine sont plus que jamais déterminées à poursuivre leur action pour toutes les autres personnes qui se trouvent dans des situations similaires à celle de Noordeen.

Elles seront de celles et de ceux, comme il y en a en maints endroits en France, qui feront tout pour que les décisions d’expulsions, de transferts ou autres « réadmissions » ne soient pas suivi d’effet.

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Fiché.es « F » comme Fraternité – L’intégralité de la conférence de presse du 16 Juillet 2018 – Captation de Télémillevaches

Suite aux efforts frustrés pour éviter l’éloignement de leur ami soudanais en exil, des habitants de Faux-la-Montagne proposent une conférence de presse à la mairie. Ils décrivent son parcours depuis le Soudan et sa situation actuelle en France, puis contredisent point par point, documents officiels à l’appui, les affirmations de la préfète de la Creuse. Ils relatent l’accueil organisé à Faux et les intentions qui le motivent. S’en suit un échange fourni lors duquel s’exprime la détermination des personnes présentes à accueillir de nouveaux habitants, de façon inconditionnelle.

Cette vidéo dure 1h30, c’est une captation intégrale de l’événement. Elle est parfois technique, souvent chargée d’émotion. Sa vocation : être un document auquel chacun pourra se référer.

Mise à jour : le 23 juillet 2018, après une volte-face de dernière minute, la préfecture de la Creuse permet finalement à N.E. de déposer sa demande d’asile en France.

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Felletin – 9 Juillet 2018 – Reportage de Télémillevaches

Des habitants de Faux-la-Montagne et de villages voisins tentent d’empêcher l’expulsion vers l’Italie de l’un des leurs, un jeune homme soudanais en exil. Il est retenu à la gendarmerie de Felletin pendant que ses soutiens dressent des obstacles devant le portail.

La loi permet à la préfète de la Creuse d’autoriser le jeune homme à solliciter l’asile politique en France. À deux jours près, cela serait même automatique. Malgré les demandes en ce sens faites dans les jours précédents, et une ultime tentative ce 9 juillet, la préfète décide d’appliquer à la lettre les accords de Dublin et de renvoyer le jeune homme vers l’Italie, où il n’a aucune attache.

Vers 20h, les manifestants se font violemment refouler par les gendarmes. Cette stratégie de diversion leur permet d’exfiltrer le jeune homme par derrière, au travers du grillage, pour le conduire vers Paris en vue de son expulsion.

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Chacun à le droit de vivre ici – Tract du 14 juillet 2018

CHACUN A LE DROIT DE VIVRE ICI

Une semaine après la manifestation de Felletin, nous, habitants de Faux-la-Montagne, souhaitons vous informer clairement sur la situation.

Lundi 9 juillet 2018, Noordeen a été convoqué à la gendarmerie pour être transféré en Italie.

Nous sommes allés à Felletin manifester notre soutien à notre ami et voisin. Nous avons exprimé notre incompréhension face à la décision de l’Etat Français qui s’évertue à le renvoyer en Italie alors que la préfète de la Creuse aurait eu les moyens de faire autrement.

Noordeen souhaite faire sa demande d’asile en France. Il vit avec nous depuis 8 mois, apprend le français, participe aux activités organisées à Faux et dans les communes alentours, il connaît de plus en plus de monde. Nous ne comprenons pas l’acharnement des autorités envers lui autrement que comme une volonté d’afficher par l’exemple une politique migratoire raide et intransigeante.

Lors de cette manifestation déterminée mais pacifique, nous avons été gazés et violentés sans ménagement. Action brutale, non pour répondre à une violence, mais pour faire diversion et exfiltrer Noordeen par un trou dans le grillage de la gendarmerie et l’envoyer vers un centre de rétention administrative. Nous rappelons que Noordeen, comme bon nombre de ses compagnons d’infortune, n’a commis aucun délit.

Depuis, les autorités, par voie médiatique, ont menti :

– En déclarant par exemple qu’il avait fait sa demande d’asile en Italie (nous le répétons clairement : Noordeen n’a jamais fait de demande d’asile en Italie)

– En renversant la responsabilité de la violence lors de la manifestation : alors même que nous n’étions équipés que d’un porte-voix, de tentes, de barbecue et de musique, on nous a opposé plus de soixante gendarmes, des casques, des bombes lacrymogènes et même un chien.

– En déclarant que la majorité des manifestants n’étaient pas des habitants mais « des groupes très organisés », relevant de quelque chose nommé « l’ultra-gauche », alors qu’il n’y avait que des habitants de Faux et des communes voisines, dont des familles, des enfants, des personnes âgées…

Nous, habitants de Faux et des communes voisines, voulons accueillir toute personne souhaitant vivre ici, quel que soit son statut.

Nous réaffirmons le principe d’un accueil inconditionnel pour Noordeen et les personnes qui comme lui ont le désir de s’installer dans nos communes.

Nous appelons tous les habitants à manifester publiquement cette volonté.

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Les 4 contrevérités (et un oubli) de Magali Debatte – Communiqué du 10 juillet 2018 depuis la commune de Faux-la-Montagne

Interrogée sur France 3 mardi 10 juillet*, la préfète de La Creuse Magali Debatte nous a fait découvrir une nouvelle facette de sa personnalité. On la savait raide et sans indulgence dans l’application des textes concernant la situation des personnes réfugiées en France, on a appris ce soir qu’elle ne maîtrisait pas totalement les éléments d’un dossier dont elle semble avoir voulu faire l’emblème de sa conception de la fraternité. Nous sommes donc contraints de corriger ici certaines de ses assertions.

4 contrevérités

« Monsieur Noordeen […] a déposé sa demande d’asile en Italie » (Magali Debatte)

FAUX. Noordeen n’a jamais déposé de demande d’asile en Italie. Arrivé en Italie après une périlleuse traversée de la Méditerranée, il a été contraint d’y poser ses empreintes mais n’a jamais déposé dans ce pays une demande d’asile. Sa première demande d’asile, il l’a déposée en France.

« La procédure de réadmission Dublin est une procédure tout à fait normale et il n’y aucune raison d’en dispenser Monsieur [Noordeen] »… Ce sont « des procédures auxquelles il n’y a aucune raison de se soustraire » (Magali Debatte)

FAUX. La procédure de réadmission Dublin souffre des exceptions possibles. Comme l’a rappelé la journaliste qui l’interrogeait, le préfet de la Haute-Vienne a fait profiter d’une dérogation un journaliste guinéen. Il a également fait bénéficier d’une telle dérogation un autre Soudanais de Faux-la-Montagne. Il y a donc bien des « raisons de se soustraire » à une telle procédure. Dans le cas de Noordeen ce pouvait être : le fait qu’il a quitté le Soudan pour sauver sa vie après l’exécution, chez lui, de son père et de son frère ; le fait qu’il a manifesté son souhait exprès de rester en France, et en particulier dans notre village ; qu’il apprend le français avec acharnement, s’intègre dans notre commune et y a tissé de nombreux liens d’amitié ; qu’il y a trouvé un havre où se reconstruire, accompagné par trois de ses amis d’infortune et toute une partie des habitants qui se mobilise pour l’accueillir. Au demeurant, en rabâchant que la procédure Dublin est une « procédure normale », Magali Debatte a persisté dans son refus de répondre directement à la question que lui a pourtant posée deux fois la journaliste : pourquoi a-t-elle refusé d’user de la clause discrétionnaire qui lui permet, comme son collègue de la Haute-Vienne, d’arrêter le jeu de ping pong entre l’Italie et la France dont Noordeen est la victime ? Cette question doit, une nouvelle fois, lui être reposée.

« Cette personne avait déjà été réadmise une première fois en Italie et s’était déjà soustraite à une première réadmission » (Magali Debatte)

FAUX. Noordeen ne s’est pas « soustrait » à sa première réadmission. Il s’est rendu en Italie, comme cela lui a été notifié en octobre 2017. Là-bas, il a été reçu par la police italienne qui l’a tout simplement remis à la rue ! Il est donc tout naturellement revenu en France, seul endroit où il connaît du monde et où il peut actuellement se sentir en sécurité.

« Il s’est rendu à la gendarmerie [de Felletin] pour être réadmis en Italie » (Magali Debatte)

FAUX. Il s’est rendu à la gendarmerie pour respecter la convocation qui lui a été faite, mais avec l’espoir qu’il ne serait pas réadmis en Italie. Comme il le déclare lui-même dans le reportage réalisé par France 3 : « Je ne veux pas partir en Italie. C’est obligatoire pour moi, mais moi, jamais, je ne veux partir en Italie. »

Un oubli

« Je condamne fermement la violence dont ont fait l’objet les forces de sécurité » (Magali Debatte)

Qu’en est-il par contre de la violence dont Noordeen est actuellement victime, traîné par les gendarmes pour être transféré en Italie ? Dont la difficile et patiente reconstruction à Faux vient d’être brutalement interrompue ? Qu’en est-il de la violence faite aux habitants de Faux et des environs qui connaissaient bien Noordeen et à qui on a arraché ce soir- là un ami ? Qu’en est-il de la violence exercée par les 60 à 80 gendarmes mobilisés pour une opération militaire d’envergure (plus de vingt véhicules motorisés, l’usage de gaz lacrymogènes – des armes chimiques -, des personnes brutalement jetées à terre) alors que pendant toute l’après-midi, le rassemblement bon enfant et pacifique des familles et amis réunis devant la gendarmerie espérait encore un geste d’apaisement de la part de la représentante de l’État ? Qu’en est-il enfin de cette violence faite à des citoyens révoltés qui pensent que leur devoir est d’empêcher l’ignoble, d’autant plus quand la loi rend possible une telle chose ?

* https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/emissions/jt-1920-limousin (à partir de 9 minutes)

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Communiqué du 9 juillet 2018 depuis la commune de Faux-la-Montagne

NON AUX EXPULSIONS ! OUI À L’ACCUEIL !

Nous, habitants de Faux-la-Montagne, accueillons depuis 8 mois, avec le soutien d’habitants des communes alentour, quatre jeunes Soudanais qui ont fui leur pays où ils risquaient la mort.

Le lundi 25 juin dernier, l’un d’eux, Noordeen, âgé de 21 ans, s’est vu notifier à la gendarmerie de Royère-de-Vassivière son arrêté d’expulsion vers l’Italie, au titre des accords de Dublin. Ce jour-là, il a pu revenir dans la famille qui l’accueille, et il espère, depuis, que son expulsion n’ait pas lieu avant le mercredi 11 juillet à minuit, moment à partir duquel il n’est plus expulsable et où sa demande d’asile doit être traitée par la France.

Malheureusement, malgré l’engagement personnel de plus de cent habitants de notre commune qui se chargent de son accueil, malgré les gages d’insertion que Noordeen a donnés en participant activement à la vie locale et en apprenant le français, malgré les demandes répétées adressées par des centaines d’habitants du Plateau Limousin, par la maire de Faux-la-Montagne et par d’autres élus du territoire à Madame la Préfète de la Creuse, cette dernière a maintenu sa décision d’expulsion, alors qu’elle peut en toute légalité permettre le traitement du dossier de Noordeen en France, comme l’a fait récemment le Préfet de la Haute-Vienne.

Aujourd’hui, lundi 9 juillet 2018, Noordeen est donc convoqué à 15h30 à la gendarmerie de Felletin pour voir son ordre d’expulsion mis en application. Résigné à se conformer aux décisions administratives le concernant, comme il l’a toujours fait, il refuse de se mettre en fuite et accepte de se rendre à la convocation de la gendarmerie.

Dans quelques semaines, un autre habitant de notre village, Abdel, son compatriote de 23 ans qui a fui après avoir été emprisonné et torturé dans les geôles du dictateur soudanais, sera confronté à la même problématique.

De notre côté, nous renouvelons notre condamnation de la politique d’expulsion des « Dublinés » poursuivie par le gouvernement et nous réitérons notre volonté de voir les demandes d’asile de Noordeen et d’Abdel traitées en France, comme la préfecture de la Creuse a le pouvoir de le décider.

Nous alertons Madame la préfète, les services de l’État, les élus et tous les habitants, sur le fait qu’une expulsion vers l’Italie présente le risque potentiel d’un renvoi de Noordeen et d’Abdel au Soudan, ce qui représente pour eux le risque d’être emprisonnés, torturés ou assassinés. Ce risque ne peut en aucun cas être évacué, le tout nouveau gouvernement italien affichant une politique « anti-migratoire » assumée. Nous rappelons par ailleurs que l’actuel chef d’État soudanais, le dictateur Omar el-Béchir, fait l’objet depuis 2008 d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Nous attirons l’attention de Madame la préfète sur le fait que la même loi qui lui permet d’expulser Noordeen lundi, mardi ou mercredi, le lui interdit totalement jeudi, vendredi et les jours suivants. Dit autrement, la loi selon laquelle il doit être expulsé demain dira le contraire le lendemain de son expulsion !

Nous notons enfin que le Conseil constitutionnel, dans un arrêt du vendredi 6 juillet 2018, vient de consacrer le principe de fraternité. Comment concilier cette position humaniste et généreuse des gardiens de la constitution de la République, avec l’acte de renvoi de jeunes hommes martyrisés qui donnent chaque jour la preuve de la réussite de leur insertion dans un village où ils sont accueillis, appréciés et aimés ? Comment accepter que la Préfète de la Creuse, par sa décision, sabote ce principe de fraternité que nous, habitants de Faux-la-Montagne, expérimentons chaque jour, depuis huit mois, avec les jeunes Soudanais qui ont trouvé refuge dans notre commune ?

Nous, habitants de Faux-la-Montagne et des communes alentour, demandons une ultime fois à Madame la préfète de faire preuve d’humanité, de faire en sorte que l’arrêté d’expulsion ne soit pas appliqué, et de permettre à Noordeen et Abdel de faire leurs demandes d’asile dans notre pays.

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Communiqué de presse du 25 juin 2018

Aujourd’hui lundi 25 juin 2018, nous étions 150 habitants de Faux-la-Montagne et alentour à accompagner et soutenir Noordeen , Soudanais de 21 ans qui vit depuis huit mois dans notre commune, au moment où, convoqué à la gendarmerie de Royère de Vassivière, lui a été notifiée son expulsion vers l’Italie.

Nous avons demandé à Madame la Préfète de la Creuse de bien vouloir lui octroyer la possibilité d’effectuer sa demande d’asile en France. En effet, elle a toute latitude pour prendre cette décision et ne pas le renvoyer en Italie compte-tenu de son intégration dans la commune, de ses progrès en français, de sa participation à la vie locale et de l’engagement de la population à l’héberger et à le prendre en charge*. C’est dans des conditions tout à fait similaires que Monsieur le Préfet de la Haute-Vienne avait repris en charge un des compagnons d’infortune de Noordeen, auquel l’OFPRA a, par la suite, attribué le statut de réfugié. Nous demandons expressément à Madame la Préfète d’user de cette possibilité discrétionnaire dont elle dispose librement pour reprendre en charge Noordeen, et faire cesser cette aberration qui consiste à le renvoyer en Italie alors que c’est en France qu’il souhaite faire sa demande d’asile, en France où il a commencé à très bien s’intégrer.

Dans un communiqué, Madame Magali DEBATTE, Préfète de la Creuse, a pour l’instant répondu à notre demande par une fin de non recevoir et a maintenu sa décision de le renvoyer en Italie.

Nous condamnons énergiquement cette réponse purement administrative alors qu’une expulsion vers l’Italie se soldera au mieux par un renvoi en France de la part des autorités italiennes (petit jeu de ping-pong dont des personnes ayant déjà subi de terribles épreuves sont le jouet), au pire par un renvoi dans son pays d’origine, c’est-à-dire le Soudan, où le risque pour Noordeen est d’être emprisonné, torturé ou assassiné. Nous ne pouvons accepter une telle décision contraire aux valeurs qui sont les nôtres et qui sont censées être celles de la République.

Aussi nous continuerons par tous les moyens à nous engager pour obtenir un avis différent concernant le cas de Noordeen  et nous maintenons une mobilisation vigilante sur son cas.

Nous demandons à Madame la Préfète de faire preuve de bon sens, d’agir en responsabilité et de prendre en considération la gravité des conséquences que sa décision risquerait d’entraîner.

* Catherine Moulin, maire de Faux-la-Montagne témoigne : « Depuis son arrivée, son séjour dans notre commune se passe remarquablement bien : de multiples habitants se sont investis dans son accueil, en l’hébergeant, en participant financièrement, en organisant des cours de français à son intention, en l’associant aux diverses activités ayant lieu sur la commune. De son côté, il suit assidûment tous les cours de français auxquels il a pu s’associer dans les communes voisines de Peyrelevade et de Felletin, ainsi que ceux qui lui sont donnés bénévolement par des habitants de la commune ; il participe à de multiples activités culturelles et sportives, a noué de nombreux contacts, et aide bénévolement des associations. Il a su par sa gentillesse gagner la sympathie de toutes les personnes qu’il a rencontrées et est ainsi sorti de l’isolement dans lequel il se trouvait précédemment. Il a aussi noué des liens forts avec les personnes qui l’accueillent et le considèrent aujourd’hui comme faisant partie de leur famille. Je peux témoigner personnellement de son fort engagement dans la vie de la commune et surtout de son attitude constructive et de sa démarche d’intégration intense. Tous les ingrédients pour qu’une bonne intégration future puisse avoir lieu s’il obtenait le droit de rester en France sont réunis. J’ajouterai que notre territoire qui est en manque de population a tout à gagner à poursuivre la démarche d’accueil qui est la sienne depuis des décennies. En tant qu’élue, je travaille depuis des années à créer et à maintenir cette dynamique d’accueil à Faux-la-Montagne, initiée par mon prédécesseur François Chatoux. L’arrivée de nouveaux habitants dont j’ai fait moi-même partie il y a plus de trente ans contribue, j’en suis persuadée, à la survie de nos territoires ruraux. »

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Communiqué du 23 juin 2018 depuis la commune de Faux-la-Montagne

Communiqué du 23 juin 2018 depuis la commune de Faux-la-Montagne.

Nous, habitants de Faux-la-Montagne, accueillons depuis bientôt 8 mois, avec le soutien d’habitants des communes alentour, un jeune Soudanais qui a fui son pays où il risquait la mort.

Ce jeune homme, âgé de 21 ans, est semblable à tous les jeunes hommes de notre village, enfants de notre commune. Depuis son arrivée, il apprend la langue française et participe à la vie du village.

Une centaine d’habitants de Faux-la-Montagne se sont engagés personnellement vis-à-vis du conseil municipal à faire en sorte que son accueil et son intégration se déroulent bien.

Il est convoqué le lundi 25 juin 2018 à la gendarmerie de Royère-de-Vassivière pour se faire

signifier deux choses :

1) Son expulsion en Italie en vertu des accords de Dublin.

2) Son placement en C.R.A. (Centre de Rétention Administratif) dans l’attente de son expulsion.

Résigné à se conformer aux décisions administratives, il refuse de se mettre en fuite et accepte de se rendre à la convocation de la gendarmerie.

De notre côté, nous renouvelons notre condamnation de la politique d’expulsion des Dublinés poursuivie par le gouvernement Macron et nous réitérons notre volonté de voir sa demande d’asile traitée en France, comme la préfecture de la Creuse a le pouvoir de le décider.

Quoi qu’il en soit, nous ne comprenons pas et n’acceptons pas l’idée d’un placement en centre de rétention administratif. Ces centres de rétention sont des lieux de privation de liberté assimilables à des prisons.

Pourquoi mettre en prison une personne accompagnée par la population, dont l’accueil est garanti, qui s’est toujours présenté aux convocations, qui ne manifeste aucune volonté de fuite et qui se conforme à la loi ?

Il a été établi par de nombreux articles de presse (Le Monde, le New York Times, Mediapart)* que la France collabore depuis 2014 avec la police soudanaise au service du dictateur Omar el-Béchir. Ce dernier fait l’objet depuis 2008 d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Nous sommes particulièrement inquiets car c’est au sein même des C.R.A. que des policiers soudanais, en collaboration avec les autorités françaises, identifient parmi les réfugiés ceux qu’ils soupçonnent d’être des opposants au régime.

Selon les données de l’agence de statistique européenne Eurostat, 205 réfugiés soudanais ont été expulsés de France vers le Soudan entre 2014 et 2016. Diverses enquêtes récentes ont montré qu’une partie d’entre eux ont été torturés ou ont disparu à leur arrivée au Soudan.

Nous rappelons que notre ami et voisin sollicite la protection de la France pour échapper aux dangers qui menacent particulièrement les jeunes hommes dans son pays et qui ont entraîné la mort de 500 000 personnes depuis le début de la guerre, le déplacement de 3 millions de réfugiés, dans une dictature en place depuis 29 ans.

* https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/19/en-collaborant-avec-khartoum-la-belgique-et-la-france-offrent-une-insupportable-reconnaissance-aux-auteurs-du-premier-genocide-du-xxie-siecle_5203425_3232.html

https://blogs.mediapart.fr/la-chapelle-en-lutte/blog/160317/est-ce-que-vous-me-renvoyez-pour-mourir-par-la-chapelle-debout

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