Communiqué du 23 juin 2018 depuis la commune de Faux-la-Montagne.
Nous, habitants de Faux-la-Montagne, accueillons depuis bientôt 8 mois, avec le soutien d’habitants des communes alentour, un jeune Soudanais qui a fui son pays où il risquait la mort.
Ce jeune homme, âgé de 21 ans, est semblable à tous les jeunes hommes de notre village, enfants de notre commune. Depuis son arrivée, il apprend la langue française et participe à la vie du village.
Une centaine d’habitants de Faux-la-Montagne se sont engagés personnellement vis-à-vis du conseil municipal à faire en sorte que son accueil et son intégration se déroulent bien.
Il est convoqué le lundi 25 juin 2018 à la gendarmerie de Royère-de-Vassivière pour se faire
signifier deux choses :
1) Son expulsion en Italie en vertu des accords de Dublin.
2) Son placement en C.R.A. (Centre de Rétention Administratif) dans l’attente de son expulsion.
Résigné à se conformer aux décisions administratives, il refuse de se mettre en fuite et accepte de se rendre à la convocation de la gendarmerie.
De notre côté, nous renouvelons notre condamnation de la politique d’expulsion des Dublinés poursuivie par le gouvernement Macron et nous réitérons notre volonté de voir sa demande d’asile traitée en France, comme la préfecture de la Creuse a le pouvoir de le décider.
Quoi qu’il en soit, nous ne comprenons pas et n’acceptons pas l’idée d’un placement en centre de rétention administratif. Ces centres de rétention sont des lieux de privation de liberté assimilables à des prisons.
Pourquoi mettre en prison une personne accompagnée par la population, dont l’accueil est garanti, qui s’est toujours présenté aux convocations, qui ne manifeste aucune volonté de fuite et qui se conforme à la loi ?
Il a été établi par de nombreux articles de presse (Le Monde, le New York Times, Mediapart)* que la France collabore depuis 2014 avec la police soudanaise au service du dictateur Omar el-Béchir. Ce dernier fait l’objet depuis 2008 d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Nous sommes particulièrement inquiets car c’est au sein même des C.R.A. que des policiers soudanais, en collaboration avec les autorités françaises, identifient parmi les réfugiés ceux qu’ils soupçonnent d’être des opposants au régime.
Selon les données de l’agence de statistique européenne Eurostat, 205 réfugiés soudanais ont été expulsés de France vers le Soudan entre 2014 et 2016. Diverses enquêtes récentes ont montré qu’une partie d’entre eux ont été torturés ou ont disparu à leur arrivée au Soudan.
Nous rappelons que notre ami et voisin sollicite la protection de la France pour échapper aux dangers qui menacent particulièrement les jeunes hommes dans son pays et qui ont entraîné la mort de 500 000 personnes depuis le début de la guerre, le déplacement de 3 millions de réfugiés, dans une dictature en place depuis 29 ans.
* https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/19/en-collaborant-avec-khartoum-la-belgique-et-la-france-offrent-une-insupportable-reconnaissance-aux-auteurs-du-premier-genocide-du-xxie-siecle_5203425_3232.html
https://blogs.mediapart.fr/la-chapelle-en-lutte/blog/160317/est-ce-que-vous-me-renvoyez-pour-mourir-par-la-chapelle-debout